Les courts métrages du mois

THE KING’S ROOTS

Photo du court métrage The king's roots

Raphael Moucachen, Marie Grilli, Sheila Shuster

Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Un an, une nuit

En deux mots

Tchernobyl continue de hanter les esprits, il y a un avant et un après, voire même une fin…

Synopsis

Longtemps après l’incident nucléaire, un homme décide de retourner dans sa maison d’enfance pour se laisser mourir : Tchernobyl.

Pour aller plus loin

Nouvelle proposition réjouissante de l’école arlésienne MoPa, The King’s Roots permet aux cinq talents du quintet composé par Lauranne Leclech, Lucile Berardo, Marie Grilli, Raphael Moucachen et Sheila Schuster de faire leurs armes. Ils n’ont pas choisi un sujet facile, mais ont gagné en humanité créative en s’attaquant à un traumatisme collectif. Placer un faisceau émotionnel sur une dévastation est fort.

C’est l’histoire d’un homme qui, à l’automne de sa vie, revient seul sur les lieux de son existence d’avant. D’avant la maladie, d’avant l’abandon, d’avant la catastrophe nucléaire. C’est le chant d’un fantasme retrouvé, entre passé et présent, pour mieux accueillir l’inexorable futur proche. Celui de la mort. Bouleversant voyage en animation aux côtés d’une carcasse essoufflée, qui défie l’interdit pour trouver le repos.

Sans paroles, cette histoire saisit par sa fulgurance et par sa précision formelle, en cinq minutes. Les mirages en forme d’hologrammes recouvrent la réalité misérable et lugubre, mais aussi gagnée par le calme et la végétation. C’était Tchernobyl. C’est Tchernobyl. Et le meilleur écrin d’un ex-citadin de retour au bercail, pour en finir en paix avec tous les chaos.

Générique

Production École Mopa
Musique Laura Benoit, Sentuuran


Durée 05’00 – Catégorie Animation – Genre Portrait – Pays France – Année 2022


TU PRÉFÈRES MANGER DU PORC OU PLUS JAMAIS VOIR TA MÈRE

Lise Akoka, Romane Guéret

Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Le principal

En deux mots

Drôle, touchant, avec une tchatche d’enfer, ce film capte l’énergie de l’adolescence !

Synopsis

Shaï et Djeneba rejoignent Ismaël et Aladi sur le toit qui leur sert de repaire. Ils débattent de l’importance de la religion dans leur vie. Les garçons forcent le trait et sermonnent les filles, jusqu’à ce que les mères entrent en jeu…

Pour aller plus loin

Lise Akoka et Romane Guéret ont plus d’un tour dans leur sac de réalisatrices. Récemment mises à l’honneur sur grand écran avec leur premier long métrage, Les pires, elles sont de retour ici avec l’une de leur pépites courtes, opus de la web-série remarquée Tu préfères…, lancée en 2020, soit deux ans avant leur reconnaissance cannoise.

Dans ces pérégrinations, un quatuor décapant, composé de Shaï, Djeneba, Aladi et Ismaël, rivalise d’esprit et d’humour sur le toit d’un immeuble d’un quartier populaire de la place des Fêtes à Paris. La vue est imprenable et la répartie de chaque membre du groupe d’adolescent(e)s réserve aussi son lot de surprises, tant le pouvoir de la fiction et des dialogues transcende le réel avec saveur.

Le dilemme du jour est donc “Tu préfères manger du porc ou plus jamais voir ta mère ?”. Une idée tordante, dont les réponses le sont tout autant, les réflexions allant très loin, avec vivacité et espièglerie. L’aventure raconte aussi le monde, les garçons, les filles, les religions, les espoirs, les origines et les couleurs de peau… Et toujours ensemble, dans la réjouissance de l’échange et de l’émulation juvénile.

Générique

Production Superstructure

Scénario Lise Akoka, Romane Guéret, Eléonore Gurrey

Interprétation Mouctar Diawara, Fanta Kebe, Zakaria Lazab, Shirel Nataf


Durée 7’23 – Catégorie Fiction – Genre Humour – Pays France – Année 2020


THE SOLOISTS

Mehrnaz Abdollahinia, Razahk Issaka, Céleste Jamneck

Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Quand tu seras grand

En deux mots

Une mise en scène éblouissante, pour un appel à la tolérance.

Synopsis

Dans un petit village régi par des lois ridicules, trois sœurs chanteuses et leur chien répètent pour le festival annuel d’automne. Mais un événement inattendu va bouleverser leurs plans.

Pour aller plus loin

Mehrnaz Abdollahinia, Razahk Issaka, Celeste Jamneck, Yi Liu et Feben Elias Woldehawariat sont les cinq cinéastes en herbe aux manettes de ce court métrage d’animation tout droit sorti des Gobelins, l’école de l’image parisienne, en 2021. Réalisé en 3D par ordinateur, il travaille avec précision les volumes, les éclairages, les couleurs, pour raconter la résistance à l’obscurantisme.

Film engagé, le récit s’ouvre sur une déclinaison des nombreuses interdictions dont les femmes sont victimes dans le monde. Ils se termine sur une citation : “Le seul moyen d’affronter un monde sans liberté est de devenir si absolument libre qu’on fasse de sa propre existence un acte de révolte.” Elle est extraite de L’homme révolté d’Albert Camus.

Au moment où les femmes iraniennes se lèvent, cheveux au vent, ce film résonne fort. Les trois héroïnes chanteuses affrontent le monde et le patriarcat insensé, en osant pousser leur voix, faire du vélo ou posséder un chien. Elles finissent par faire de la triplette en enlevant une couche de vêtements au fur et à mesure de l’avancée et au fil des décors changeants. Liberté toute !

Générique

Production Gobelins, l’école de l’image
Scénario Mehrnaz Abdollahinia, Razahk Issaka, Céleste Jamneck


Durée 07’57 – Catégorie Animation – Genre Comédie dramatique – Pays France – Année 2021


BLACK BLANC BEUR

Prïncia Car, Matthieu Ponchel

Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film War pony

En deux mots

Comment faire avancer un problème politique sur le terrain (de foot) ?

Prix de la mise en scène au Nikon Film Festival en 2020.

Synopsis

Oh mon frère tu vois pas que j’y suis pas dans Black Blanc Beur ?

Pour aller plus loin

Le duo formé par Prïncia Car et Matthieu Ponchel livre ici un film ultra court. Efficacité, punch, humour, engagement : le menu est riche malgré la durée ramassée. L’heure est à la revendication, avec l’entrée en matière sur un jeune aux racines asiatiques, qui s’estime floué et même invisibilisé par le slogan black-blanc-beur. C’est donc l’histoire d’une revanche.

Le gros plan en noir et blanc sur ce visage de garçon derrière un grillage évolue vers le groupe, et le féminin, tout en passant aux images en couleur et, progressivement, du format carré au rectangle large. Il est question de corps – et de faire corps ensemble – dans ce récit sur la jeunesse, l’inclusion, et l’appropriation de chacun et chacune. Se faire sa place et exister équitablement devient l’enjeu.

Comme dans une “battle”, les personnages s’affrontent : par le verbe, puis par le sport. La frustration, la colère et la provocation vont finalement déboucher sur un terrain d’entente, basé sur l’acceptation et sur la reconnaissance. Se faire entendre et se sentir moins seul(e) ouvre la porte au positif. Et le féminin gagne enfin le slogan central.

Générique

Interprétation Matthieu Ponchel


Durée 02’20 – Catégorie Fiction – Genre Humour – Pays France – Année 2019


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