Les courts métrages du mois

RIEN A SAUVER

Julien Avèque, Victor Hérault
Photo du court métrage Rien à sauver
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Les Rascals

En deux mots

Une interprétation sans faille, un sujet original qui brasse plusieurs thématiques centrées sur notre époque : à voir !

Synopsis

Tu vas pas faire un gosse dans ce monde de merde !”. Un survivaliste en panne rencontre une garagiste enceinte.

Pour aller plus loin

Il est des rencontres soudaines qui font un bien fou. C’est ce que vivent les personnages de ce court métrage cosigné Julien Avèque et Victor Hérault. Le film démarre sur l’humour décalé, avec un effet de montage qui enchaîne un plan rapproché sur un conducteur au volant, pour ensuite cadrer le camion qu’il dirige, poussé à pied par deux femmes sur une route de campagne.

Le jeu avec les genres irrigue les veines de l’aventure. Ce sont des filles qui poussent l’engin dans lequel le gars est assis ; c’est une femme garagiste qui répare le véhicule, assistée par une cadette tout juste enceinte ; et c’est une chronique humaniste qui l’emporte sur la fantaisie annoncée. L’écriture du tandem de cinéastes se fait tendre, via les regards et la connivence.

Rien à sauver aborde une série de problématiques existentielles, sociales, politiques, environnementales, philosophiques, à travers de multiples évocations. Par le son d’une émission radio, comme par les soliloques de la garagiste sans filtre. Mais le monde vaut quand même la peine d’être connu, finit par nous dire cette échappée contemporaine mettant en valeur l’élan, la féminité et le sourire de la jeunesse.

Générique

Production Sourire Productions
Scénario Julien Avèque, Victor Hérault
Interprétation Félicie Robert, Guillaume Camous, Adèle Choubard


Durée 04’00 – Catégorie Fiction – Genre Comédie sentimentale – Pays France – Année 2020


MODE-EXPRESS

Manon Talva, Louis Lecointre
Photo du court métrage Mode-express
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Les Banshees d’Inisherin (VO)

En deux mots

D’où viennent ces vêtements bon marché que nous portons ?

Cet éclairage en split screen l’évoque brillamment.

Prix international du Nikon Film Festival 2022.

Synopsis

Mode-express nous plonge dans le quotidien de Romy et Lili. Deux femmes, deux continents, deux modes de vie qui se croisent dans une société de consommation.

Pour aller plus loin

Avec Mode-express, Manon Talva et son coréalisateur Louis Lecointre ont remporté le Prix international de la 12e édition du Nikon Film Festival, en avril 2022, sur le thème “Un rêve”. La force du film est de mettre en scène deux femmes en parallèle, sur deux continents différents, et d’un bout à l’autre de la chaîne du l’industrie vestimentaire. L’une en Asie : Lili ; l’autre en France : Romy.

Montage parallèle et split screen racontent par effet de comparaison immédiate le gouffre qui séparent les deux personnages. Sans paroles, l’aventure décrit aussi l’exploitation humaine, la pression économique et la précarité d’un côté, la consommation en chaîne, le confort à portée de main et le profit de l’autre. Ombre et lumière, rêve inaccessible pour l’une, plaisir facile pour l’autre.

Un texto en guise d’épiphanie occidentale : “Meuf, je viens de trouver la robe de mes rêves”. Puis un regard dans le vide mélancolique, version extrême-orientale. Deux minutes et quelques suffisent aux cinéastes pour exposer leur propos simple et implacable. Fiction assumée autant que témoignage politique, Mode-express joue de la rapidité narrative pour signifier les paradoxes terrestres.

Générique

Scénario Manon Talva
Interprétation Kim Dasom, Caroline Marcos


Durée 02’20 – Catégorie Fiction – Genre Drame social – Pays France – Année 2022


MÉTACINÉMA APPLIQUÉ

Luis Nieto
Photo du court métrage Métacinéma appliqué
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Babylon (VO et VF)

En deux mots

Presque un documentaire sur le boys band le plus affolant du moment.

Synopsis

Il n’y a pas encore de travail de Meta cinéma appliquée. Il fallait donc donner le pas aux problèmes de méthode. Pour cela j’ai préféré choisir un objet aussi « pur » que possible à analyser, c’est-à-dire reposant sur une seule « substance ».

Pour aller plus loin

Ovni total que cette proposition cinématographique délirante d’un peu moins de quatre minutes. Le public navigue entre divagation burlesque et poésie surréaliste. Comme si Chaplin rencontrait Luis Buñuel, ou que Georges Méliès croisait Yórgos Lánthimos. Luis Nieto s’amuse, une fois encore, comme un petit fou à créer un univers fantasmagorique. Avec peu de moyens, mais beaucoup d’imagination, sa fantaisie prend vie.

Un savant prolixe, aux ongles vernis, fait une conférence face caméra, comme s’il s’adressait à un public venu assister à une démonstration. Dans le décor d’un intérieur baroque à la sculpture lyrique, il fait son exposé-expérience par l’intermédiaire d’un micro posé un piano. L’objet réceptacle s’avère un chat obèse, dont il rase une mini surface de peau, qui va servir de scène vivante à un concert improvisé.

Trois puces peuvent alors s’approcher chacune d’un micro microscopique et entamer une mélodie rythmique, dont l’harmonie chorale va fonctionner harmonieusement. Le plan large va céder la place à une série de gros et très gros plans sur les bébêtes, en mode stroboscopique déchaîné, vers du psychédélique débridé. En bref, une partition inattendue, un film comme nul autre pareil. Un très court métrage bien allumé !

Générique

Musique Juan Pablo Carreno


Durée 03’45 – Catégorie Fiction – Genre Humour – Pays France – Année 2014


TROIS FRANCS SIX SOUS

Morgan Ladjel, Florence Blain, Varoon Indalkar
Photo du court métrage Trois francs six sous
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Zodi et Téhu, frères du desert

En deux mots

Des images à couper le souffle dans ce récit rural de 1945, le marché noir et les secrets de famille fleurent bon une France alors occupée.

Synopsis

Durant la Seconde Guerre mondiale, un agriculteur français nommé Marcel
espère revoir un jour une lueur de vie dans le regard de sa mère, Josépha. Elle est plongée dans un état végétatif depuis la disparition de son fils aîné. Marcel commence à aider des victimes de la guerre sans réaliser l’ampleur des conséquences de ses actes.

Pour aller plus loin

Cette réjouissante découverte d’animation est signée par six élèves de la promotion 2019 de l’école Supinfocom Rubika de Valenciennes. Morgane Ladjel, Florence Blain, Varoon Indalkar, Louise Leblond, Clémence Ottevaere et Hugo Valdelièvre-Rattier ont mis en commun imaginaire, inventivité et savoir-faire. Une belle carte de visite pour ces créateurs en herbe, et une nouvelle pépite dans la famille des films d’école.

On retrouve ici le ton des chroniques d’occupation pendant la Seconde Guerre mondiale. Le dessin en 3D fourmille de détails et reconstitue le monde rural de l’époque, version huis-clos dans une ferme du Nord. Un fils et sa mère attendent l’autre garçon de la famille, soldat au front. L’inquiétude muette de la matriarche entraîne l’épluchage incessant des patates, qui remplissent des bassines.

La résistance à l’occupant passe par l’entraide avec les voisins et villageois, qui échangent leurs biens contre de la nourriture, légumes, fromage, pain ou vin, jusqu’à épuisement des stocks. Le pittoresque agricole et provincial est progressivement gagné par le suspense : comment le duo va-t-il survivre à la diminution des réserves ? Et comment contrer la menace du soldat nazi, que le héros Marcel a tenté de rouler pour avoir des nouvelles de son frangin ?

Générique

Production Rubika Supinfocom
Scénario Morgan Ladjel, Florence Blain, Varoon Indalkar
Musique Kevin Bardin
Interprétation Johannes Oliver Hamm, Isabelle Rattier, Guillaume Prevot


Durée 06’30 – Catégorie Animation – Genre Film d’époque – Pays France – Année 2019


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