Les courts métrages du mois

MAESTRO

Illogic .
Photo du court métrage Maestro
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Koati

En deux mots

Après Garden Party (disponible au catalogue), le nouvel opus d’Illogic, tout aussi étonnant !

Synopsis

Au milieu d’une forêt, une troupe d’animaux sauvages se lance dans un opéra nocturne mené par un écureuil.

Pour aller plus loin

Ce petit prodige d’une minute et quarante secondes est dû à cinq talents à la réalisation et à la création, réunis sous le pseudonyme d’Illogic. Florian Babikian, Victor Caire, Théophile Dufresne, Gabriel Grapperon et Lucas Navarro avaient fait le tour du monde deux ans plus tôt, avec également Vincent Bayoux, grâce à Garden Party, autre fable au brio décapant, nommée à l’Oscar du meilleur court métrage d’animation en 2018.

Ici, ils chantent la nature dans un travail d’orfèvrerie en 3D. On se souvient des grenouilles barbotant et croassant dans la piscine de la villa morbide du film précédent. Aujourd’hui, le ton est à la réjouissance et à l’harmonie générale. Éléments naturels, végétaux et espèces animales s’accordent au diapason pour un moment unique : un concert soudain et éphémère en pleine forêt. Un moment de grâce suspendue.

C’est le mouvement Squilla il bronzo del dio, contenu dans l’Acte II de l’opéra Norma de Vincenzo Bellini, créé en 1831, qui réunit le chœur de bébêtes. Un écureuil orchestre les voix tenues par des oiseaux, hérissons, crapauds, tortues et poissons, sous le regard d’un cerf. Le travail esthétique épate, et le rendu des plumages, pelages et écailles au clair de lune, entre branchages et reflets aquatiques, est prodigieux.

Générique

Prdoduction Bloom Pictures


Durée 01’40 – Catégorie Animation – Genre Humour – Pays France – Année 2019


FROM MARIA

Ana Moreira
Photo du court métrage From Maria
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Ninjababy (VO)

En deux mots

La place des femmes dans la société. Puissant et tellement juste !

Synopsis

From Maria est une lettre de la jeunesse aux générations à venir sur le rôle des femmes dans la société et comment chacun est responsable de leur émancipation.

Pour aller plus loin

En soixante secondes pile poil, Ana Moreira livre un réquisitoire implacable sur la place des femmes dans la société. Quatre membres d’une même famille se suivent et se rejoignent, le long d’un unique plan, filmé en travelling arrière dans un studio, qui part de la photo de l’aïeule disparue, pour accueillir, au fil de son recul, la fille de la première, et ainsi de suite jusqu’à la benjamine…

Il y a une dimension de revendication, à l’ère #MeToo, dans ce film ultra court datant de 2020. Production portugaise, langue anglaise, message universel. Les personnages d’Emilia, Clara, Raquel et Maria racontent, par leur présence muette, une tranche de vie féminine, accompagnées par le commentaire descriptif en voix off d’une cinquième participante. Travail des enfants, mariage forcé des filles, licenciement en pleine grossesse : le constat dénonce.

On passe du récit romanesque au message civique, de la forme publicitaire à la fable courte. Le dispositif ultra simple de mise en scène est cependant doublé par un travail au millimètre, tant sur la technique et la temporalité que sur le décor, la lumière et les accessoires. La mise en place est impeccable et doit fonctionner parfaitement pour que le plan-séquence remplisse sa mission.

Générique

Production Golpe Filmes
Scénario Ana Moreira


Durée 01’00 – Catégorie Documentaire – Genre Portrait – Pays Portugal – Année 2020


L’IMMORAL

Ekin Koca
Photo du court métrage L'Immoral
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Novembre

En deux mots

Délicieusement absurde… La très bonne surprise de la rentrée, à projeter sans modération !

Synopsis

Un homme s’écroule dans un restaurant. Tous les clients sont sous le choc, sauf un.

Pour aller plus loin

Étonnante chronique que ces quatre minutes animées dues au talentueux Ekin Koca. C’est à la Poudrière drômoise que le réalisateur a imaginé ce déjeuner décapant. Ou comment une scène banale mute en accident de la vie, puis en déchaînement collectif. Le ton est singulier, inattendu, entre stupeur et brio d’écriture. Koca travaille l’effet de surprise et le politiquement incorrect, que l’animation permet d’explorer en totale liberté.

La simplicité du décor de restaurant n’en est que plus frappante. Aucun contour d’espace ou d’architecture. Seuls, le bar, les tables, chaises, clients et accessoires sont représentés. L’abstraction vire à la stylisation, permettant d’adhérer à l’intensité de l’intrigue et à chaque détail des quelques couverts et personnages présents. La précision des plans et des mouvements joue aussi avec les joies du champ et du hors champ.

L’absurdité règne. La saveur du film naît de l’absence de justification des actes, de la peinture assumée de la violence sociale et de l’instinct de mort. Le travail sur les bruitages et sur l’environnement sonore s’avère précieux. Il donne un relief essentiel à cette œuvre au volume de dessin réduit par son fond blanc. La précision des effets de réel de chaque geste et de chaque pas confère à l’œuvre un volume enthousiasmant.


Production La poudrière
Interprétation Lola Degove, Annick Duroy, Franck Monmagnon, Hervé Petit de la Villeon, Edern Van Hille


Durée 04’11 – Catégorie Animation – Genre Humour noir – Pays France – Année 2021


NO

Abbas Kiarostami
Photo du court métrage No
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Le sixième enfant

En deux mots

Face caméra, le regard envisage le doute mais la réponse est ferme : C’est NON !

Synopsis

Lors d’un casting, une fillette apprend qu’elle doit se couper les cheveux pour obtenir le rôle.

Pour aller plus loin

Le regretté grand maître du cinéma iranien a toujours aimé alterner formats et durées. Abbas Kiarostami (1940-2016) a ainsi abreuvé ses presque cinquante ans de cinéma de films variés, donc ce méconnu No illustre la rafraîchissante curiosité. Huit minutes suffisent à installer son univers, fait de jeu entre le réel et la fiction, entre la captation documentaire et la mise en scène pure.

Produite par la Cinémathèque française, cette séance de casting en Italie joue avec la manipulation propre au Septième Art. Une première gamine âgée de quatre ans, Rebecca, répond poliment aux questions et résiste à la tentative d’instrumentalisation adulte, avant de céder la place à une série de plans rapides sur d’autres fillettes et leurs “non” enchaînés. Gros plans et regards caméras rivalisent de malice avec la grammaire de la réalisation.

Le film est aussi une ode à la féminité, à travers ces différents visages et cette jeunesse anonyme, à la portée universelle. L’aventure s’achève sur des chevelures au vent et célèbre la liberté en bord de mer. Une vraie portée politique, de la part d’un cinéaste issu d’une nation où la loi étatique force les femmes à se couvrir les cheveux en public et en extérieur, afin de ne pas attirer les regards.

Générique

Production Gobelins, l’école de l’image


Durée 08’00 – Catégorie Documentaire – Genre Portrait – Pays Italie – Année 2010


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